Littérature

Essai: Du Père-Dieu à Dieu le Père

Je vais déroger quelque peu à mes analyses habituelles sur les œuvres ou leurs auteurs, car j’aimerais communiquer quelques réflexions au sujet de deux personnes qui ont choisi une vocation religieuse dans des conditions similaires, qui m’ont menée à des conclusions identiques quant à leurs motivations, notamment psychologiques.

La première, je l’ai bien connue ; je l’appellerai Marie afin de préserver son anonymat.

Famille aisée, belle demeure, le père exerce un bon métier.

Ce père était le roi de la maisonnée. Sa mère, une très gentille femme, soumise au tyran domestique. Seule fille entre deux garçons, Marie était au service des mâles, petits et grand.

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Jean d’Ormesson : « Presque rien sur presque tout »

J’aimerais communiquer mes impressions sur ce roman (mais est-ce un roman ?) publié en 1996.
Jean d’Ormesson y rend accessible au grand public la signification de la science actuelle de l’univers et tire les conséquences des dernières théories. D’entrée de jeu, l’auteur annonce la couleur : sans l’homme, rien n’existerait. Page 9, il dit : « L’homme est la mesure de tout parce qu’il n’y a rien que par lui, à travers lui et pour lui. »
Nous connaissons déjà la conclusion : n’est-ce pas trop tôt ? Non, car elle est si étonnante que le lecteur a envie de lire la suite !
On pourrait appeler cette œuvre « roman scientifico-philosophico-poétique de l’Univers »…

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Magda Szabó : La Porte

L’auteure décrit une expérience étonnante, détonante même, qu’elle ne comprend pas ! Garantie d’authenticité !

L’introduction du roman est un rêve butoir, rêve d’échec de l’auteure, sans rapport apparent avec le récit : elle est en danger devant une porte qu’elle ne parvient pas à ouvrir. Reprise du même rêve en conclusion. A ce stade, le sens est un mystère pour nous. On verra sa raison d’être à la fin.

Ensuite, tout le roman sera l’histoire d’une femme de ménage : EMERENCE.

Celle-ci a des comportements surprenants, opposés à ceux que l’on considère comme normaux chez une employée de maison et même chez chacun d’entre nous.

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Kant, « supporter » de l’art contemporain ?

Le beau est la qualité qui distingue un objet d’art d’un objet utilitaire, même si celui-ci peut avoir des qualités esthétiques. Plus exclusivement encore depuis que l’art est entré dans les musées et ne sert plus qu’à être contemplé.
Cependant ce BEAU est impossible à définir. Les philosophes s’y sont usé la matière grise et la meilleure définition, il me semble, qu’ils aient trouvée est celle d’Emmanuel KANT.

Les Anciens Grecs avaient essayé de lui donner un contenu : il liait le beau à l’harmonie des proportions, la « règle d’or » en est l’expression, mais c’est insuffisant et limitatif. KANT définit le beau comme : « ce qui plaît universellement sans concept ». « sans concept » : en fait, il ne se définit pas, il s’éprouve.

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Victor Hugo : « Aux premiers jours du Monde… » Un magnifique poème méconnu

Ce très beau poème est en effet trop peu connu : peut-être n’a-t-il pas la place qu’il mérite dans « LES CONTEMPLATIONS ».
Il est le dernier d’une suite de neuf, intitulée « LES MALHEUREUX ». Ces poèmes relatifs à la souffrance et au mal, sont parfois longs, verbeux et assez flous du point de vue philosophique. Il méritait d’être seul et aurait très bien pu inaugurer « LA LÉGENDE DES SIECLES ».
C’est l’apothéose d’une suite qui illustre cette idée : le vrai malheur, ce n’est pas la pauvreté, la maladie, la mort : c’est le péché, le mal.
Je me suis permis de l’isoler de l’ensemble dont il est la conclusion. D’habitude, c’est une faute : respecter l’intention de l’auteur est impératif. Mais je n’ai rencontré personne qui le connaisse. Je désire donc lui restituer sa valeur, montrer sa signification profonde et universelle, sa force et sa beauté.

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Stefan Zweig – Le plus public des écrivains, le plus secret des hommes publics

STEFAN ZWEIG, pour la complexité de son caractère et ses dispositions extrêmes et parfois contradictoires, me semble damer le pion à tous les créateurs que j’ai présentés jusqu’ici.

Je ne résiste pas, malgré les difficultés, à la tentation de l’analyser. D’ailleurs, curieusement, malgré l’intérêt du personnage, je ne vois pas qu’on ait tenté de le faire. Sans doute parce que, si l’avenir psychologique d’un être humain se décide durant les toutes premières années de sa vie, nous ne savons rien ou presque de sa petite enfance. Elevé dans la nursery, à l’écart des activités de ses parents, il est fait par ses rapports avec des employées : nourrice et gouvernantes. Or de cela, on n’écrit rien.

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Gustave Flaubert, enfant de remplacement

Gustave Flaubert, une mine d’or pour la psychologie !

Je m’étonne qu’aucun psychanalyste n’ait étudié systématiquement un si beau cas.
On a déjà analysé, de différents points de vue et pas seulement littéraires, certaines œuvres comme « Saint Julien l’hospitalier », tellement ce récit quasi onirique révèle son auteur. Mais à ma connaissance, on ne l’a pas étudié lui-même, d’un point de vue psychanalytique, au travers de toutes ses œuvres et de sa vie.

Je prendrai la liberté, bien que non spécialiste, d’utiliser ici les concepts de la psychanalyse. Il me semble pouvoir ainsi jeter une lumière sur le caractère de Flaubert, sur des faits importants de sa vie ainsi que sur ses choix artistiques : la cohérence de l’explication est son seul mérite.

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Voltaire: Traité sur la tolérance

VOLTAIRE introduit son plaidoyer en faveur de la tolérance par un rapport sur l’affaire Calas pour dénoncer les méfaits du fanatisme.

L’affaire Calas est la condamnation à mort, en 1762, d’un père de famille protestant accusé d’avoir assassiné son fils qui allait se convertir au catholicisme.
VOLTAIRE annonce la couleur dès le départ : « Le meurtre de Calas commis dans Toulouse avec le glaive de la justice… ».

Puis il fait « son » exposé de l’affaire. Partiel et partial.
Partiel : le but n’est pas d’exposer in extenso l’affaire : c’est une introduction à une réflexion sur l’intolérance.
Partial : il choisit le pire. Il met l’accent sur la cruauté du traitement des suspects, sur la partialité des juges, sur la pression de la foule intolérante.

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Velàsquez: Les Ménines

Les écrivains ont beaucoup écrit sur les peintres. Et certaines œuvres d’art, commentées depuis des siècles, semblent être inépuisables.
J’en prendrai pour exemple LES MÉNINES de VÉLASQUEZ et m’arrêterai à l’analyse de Michel FOUCAULT, qui sert d’introduction à son œuvre célèbre, « LES MOTS ET LES CHOSES ».

Né à Séville d’une famille noble d’origine portugaise, VELASQUEZ étudie les Lettres mais manifeste une passion pour la peinture que ses parents acceptent.

En 1666, quand il peint LES MENINES, il est en pleine maturité.

Michel FOUCAULT se livre à une longue analyse consacrée à la structure très particulière du tableau, plus qu’à ses qualités proprement picturales.

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Van Gogh et Artaud

Van Gogh, « le suicidé de la société » : c’est ainsi qu’Artaud présente le peintre dans un écrit qu’il a publié en 1947 à l’occasion d’une exposition consacrée à Van GOGH, à l’Orangerie.

ARTAUD veut y montrer que Van Gogh a été réduit à la folie et au suicide par l’incompréhension de la société et la bêtise des médecins qui ne cherchent qu’à faire rentrer les génies dans le rang. Il accuse même le docteur Gachet de l’avoir envoyé au suicide !

Dans cette analyse, écrite à l’occasion de l’exposition Van Gogh-Artaud, je tire les conséquences, pour une meilleure compréhension de l’homme et de l’œuvre, d’un fait connu de la vie de Van Gogh, mais, il me semble, non encore exploité par les analystes : le fait qu’il était un enfant de remplacement.

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