Articles littéraires et philosophiques

A propos du livre de Bernard Lahire « Franz Kafka. Éléments pour une théorie de la création littéraire »

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Du nouveau sur KAFKA! Encore un essai pour expliquer….l’inexplicable ?

C’est ce que nous offre BERNARD LAHIRE dans « FRANZ KAFKA. ELEMENTS POUR UNE THEORIE DE LA CREATION LITTERAIRE ».

Des analyses riches, hyper-documentées, préparées et défendues dans une longue exposition théorique. Cependant, comme je l’avais déjà constaté en lisant autrefois les livres des commentateurs, que l’on explique Kafka par sa judéité et les conditions particulières de celle-ci, ou par la domination du père (thème connu et déjà largement exploité, par Kafka lui-même) on reste sur sa faim. Kafka garde son mystère. Que ce mystère s’appelle « génie » n’éclaire pas grand-chose.

Pour présenter brièvement la thèse de BERNARD LAHIRE, je me permettrai de citer le résumé de JACQUES DUBOIS (1) qui présente fort bien les causes principales qui ont fait de Kafka ce qu’il était. (Les points principaux sont soulignés par moi-même).

« Le sociologue dégage ainsi deux configurations qui vont déterminer toute l’existence de Kafka. C’est d’abord la tension bien connue qui tiraille l’auteur entre ses trois identités (juive, tchèque et allemande) : l’ouvrage excelle à faire ressortir les solutions de compromis auxquelles le romancier a recours en permanence, en «être de l’entre-deux» (de l’entre-trois?) qu’il fut toujours. C’est ensuite cet énorme donné familial qu’est l’autorité intransigeante d’un père qui a réussi dans le commerce à force de sacrifices et ne tolère pas de voir son fils s’engager dans une voie opposée à la sienne, alors même qu’il a favorisé ses études. Partant de quoi s’éclaire le comportement d’un jeune héritier bourgeois qui a pour première particularité de refuser l’héritage. Tout ceci serait assez prévu si l’analyste ne s’entendait à faire apparaître le caractère dialectique d’un refus que l’écrivain ne vit que dans la culpabilité et qu’il assortit d’une si grande admiration pour son père qu’il finit par gérer sa  «boutique» littéraire en s’inspirant du perfectionnisme paternel. Toujours est-il que Kafka est un bel exemple de ce que B.LAHIRE appelle un désajustement, et dont il esquisse la théorie avec beaucoup de pertinence. »

Il me semble que le comportement du « jeune héritier bourgeois » qui refuse l’héritage paternel ne se comprend qu’imparfaitement à cette lumière. Car de telles causes ne peuvent être que tardives : le refus de l’héritage paternel ne peut concerner qu’un enfant qui comprenne ce qu’on attend de lui, qui comprenne l’injonction paternelle. La tension qui le tiraille entre ses trois identités, de même.

Or c’est durant les premières années de la vie que se forme la personnalité, principalement les dispositions affectives vis-à-vis de l’entourage proche, de la société, de la réalité, ainsi que  la capacité de s’y adapter.

Durant ces premières années, le père de Kafka pouvait être pour l’enfant un géant impressionnant mais ni le père ne savait que son fils allait en quelque sorte trahir ses ambitions, ni le fils ne savait qu’il allait choisir une voie méprisée par son père.

L’enfant introjecte certains éléments de la personnalité du père au moment de la résolution de l’Oedipe entre 4 et 6 ans. Mais à ce moment-là, il n’a aucun projet de vie selon ou contre les idéaux paternels, ne sait pas ce qu’est la littérature, n’a donc aucune culpabilité qui serait liée à une sorte de trahison de ces idéaux : il tente simplement de s’identifier à son père pour prendre la place de celui-ci auprès de sa mère.

Lors de la prise de conscience de « l’héritage paternel », en grande partie, les jeux sont faits.

Oui, le père pouvait être intimidant et trop sévère – le pater familias à cette époque avait le devoir de l’être et le cas de Kafka n’est sûrement pas unique-, mais durant les premières années les pères ne s’occupaient guère de leurs jeunes enfants, confiés généralement à la gent féminine.

Une culpabilité aussi envahissante que celle de Kafka, une telle incapacité à imiter les modèles « parentaux », socialement valables (profession, mariage, enfants) doit avoir une explication spécifique, être relative à des expériences très précoces de l’enfant.

Ici je préférerais faire appel à la psychanalyse plutôt qu’à la sociologie.

Il me semble que BERNARD LAHIRE part des « rationalisations » de Kafka sur lui-même et non d’une réalité psychique profonde plus difficile à saisir. Même s’il fait appel parfois à la psychanalyse, il tient en effet à rester sur le plan sociologique, celui des faits avérés.

Mais alors il prend pour argent comptant des souvenirs conscients et des rationalisations postérieurs à l’âge où se forme l’idiosyncrasie affective d’un enfant. C’est un Kafka adulte qui se raconte, qui élabore ses affects et ses sentiments pour leur donner un sens et pour survivre.

LAHIRE, c’est naturel, comme sociologue, s’appuie sur des documents incontestables, mais il revient finalement au thème explicatif bien connu du père terrible.

Malheureusement, si l’on veut comprendre Kafka, on ne peut pas éviter de remonter en deçà des rationalisations, donc d’essayer d’évoquer les éléments inconscients qui sont à leur source, et en conséquence, de faire des suppositions.

Je propose

  • de partir de faits certains, comme le ferait le sociologue,
  • de les interpréter à l’aide de ce que la psychanalyse nous apprend sur les réactions des jeunes enfants à des faits similaires,
  • de tester l’hypothèse en voyant si elle explique davantage que les autres avancées jusqu’ici.

LES FAITS

Kafka a subi un traumatisme précoce si évident qu’on ne peut guère ne pas en tenir compte et je suis étonnée qu’on n’ait jamais tenté d’en tirer les conséquences : il s’agit de la mort de ses deux frères alors qu’il avait 4 puis 6 ans. Ces épreuves, subies durant les années de la résolution de l’Œdipe, produisent souvent un Œdipe entravé.

Les psychanalystes de l’art ont noté la fréquence de morts précoces dans l’entourage proche des artistes, et la très grande importance de la mort des parents. Quant à celles de frères ou sœurs, PHILIPPE BRENOT dit dans « Le génie et la folie » (2) :

« Si la perte d’un frère ou d’une sœur participe aussi au génie, elle ancre souvent plus lourdement la personnalité dans la psychose et la folie. »

Kafka souffre quand il écrit, mais s’il n’écrit pas, « Dans ce cas, au contraire, c’est bien pis, c’est tout à fait intolérable et sans autre issue que la folie. » dit-il   (cité  p. 335 par BERNARD LAHIRE).

Kafka, comme beaucoup d’artistes, a géré sa « folie » en écrivant.

Mais en quoi consiste cette « folie » ?

L’INTERPRÉTATION

Voyons ce que la psychanalyse   nous apprend sur les conséquences de tels traumatismes.

Les jeunes enfants se croient coupables   de la mort de leurs proches parce qu’ils ont émis, à l’occasion de frustrations, des vœux de mort à leur endroit. « L’homme est un criminel d’intention : il est coupable du fait de ses vœux de mort et de ses fantaisies cruelles. » dit MAUD MANNONI   dans   « Amour, haine, séparation » (3).

La jalousie vis-à-vis des frères et sœurs dont l’enfant   voudrait se débarrasser pour jouir de l’amour exclusif de la mère suscite à coup sûr de telles réactions et c’est un grand malheur si la réalité vient   confirmer le crime fantasmé. Et ceci, deux fois dans le cas de Kafka. Naturellement, même si la culpabilité est consciente, les causes ne le sont pas : le refoulement fait son œuvre.

En outre, Kafka est le fils redevenu unique, infiniment précieux pour ses parents, amour exclusif de sa mère et porteur de tous les espoirs de son père, mais d’autant plus coupable que son crime est e qui  le  rend    précieux!  Plus coupable encore d’être le gagnant.

(Je ne peux m’empêcher de citer ici une réaction de Kafka qui passe de « l’admiration à la colère » vis-à-vis de Werfel, et exprime assez violemment son aversion à la lecture d’une pièce de celui-ci (« Schweiger ») dont le centre est… un infanticide ! (cité par BERNARD LAHIRE p. 425). Réaction violente sur  un  sujet  brûlant!

Les imagos paternelle et maternelle en sont affectées. Père et Mère intériorisés deviennent des juges implacables : il a, en effet, tué par jalousie les fruits de leur amour. Et c’est comme des juges que l’enfant voit maintenant ses parents réels.

Voilà qui peut expliquer la condamnation venant du père ressentie toute sa vie par Kafka, antérieure aux choix de carrière approuvés ou réprouvés. Mais, naturellement, le rôle du père réel (qu’il faut distinguer du Père-juge fantasmé) est immense : son attitude dominatrice et critique a conforté l’enfant dans sa conviction d’être coupable et d’être le dernier des derniers.

La connivence du dominé dans les rapports dominant-dominé si souvent évoqués dans l’œuvre de Kafka, et que BERNARD LAHIRE   met bien en vedette, peut   se   comprendre  puisqu’il ne se sentait pas comme la victime d’un père difficile mais comme un coupable qui mérite son sort.

La mère aussi devient un juge mais moins durement ressenti comme tel : Kafka « rationalise » ce sentiment   en la considérant seulement comme « rabatteuse » du père, car elle semble souvent lui donner raison.

Ces juges intérieurs lui interdisent l’accès au succès et au bonheur,   barrent l’accès aux réalisations parentales les plus  prisées: succès professionnels, mariage, enfants. Signes d’un Œdipe entravé.

Nous avons là tout Kafka. Qui n’arrive pas à se marier. Qui choisit une profession punitive (il fallait surtout qu’elle ne lui plaise pas, dit-il), mais l’assume avec beaucoup de zèle, ajouterais-je, malgré ses plaintes : peut-être lui était-elle psychologiquement   nécessaire?

Mais à côté de la Mère-juge subsiste, dans l’inconscient, l’autre Mère : l’imago liée aux premiers temps de la vie, temps paradisiaque pour l’enfant qui vit une union duelle avec sa mère avant de prendre  conscience de la présence d’un tiers, le père, à qui  elle appartient. Cette nostalgie d’un paradis perdu, inconsciente, mais moteur affectif de beaucoup de nos réactions, peut être plus forte chez ceux qui ont vécu des drames durant leur petite enfance. Le besoin de créer semble lié à ce besoin de recréer.

Coexistent donc deux imagos maternelles conflictuelles : d’un côté, la Mère lésée, victime et juge, complice du père, de l’autre, la Mère primitive, source d’amour infini et pourvoyeuse de paradis.

On pourrait voir, en outre, dans l’ascèse de Kafka, dans ses maladies, dans cette tuberculose, « maladie spirituelle » en même temps qu’une autopunition, l’expression d’une tendance à s’identifier aux victimes, car l’enfant tend à s’identifier à ses frères et sœurs.

Je conclurai cet exposé   sommaire par une remarque.

Le Père envahit 500 pages du livre de B.LAHIRE et toute la vie de   Kafka!

Mais quid de la Mère ? L’auteur   fait appel à la psychanalyse puisqu’il reconnaît que K. a introjecté l’imago paternelle, s’est identifié à elle, se faisant son propre juge, mais alors a-t-il le droit d’ignorer la Mère, à la fois source du besoin de créer pour retrouver un paradis perdu, et condition de possibilité de cette  création?

Cet appel à des éléments psychanalytiques partiels est-il justifié ? Peut-on prendre ce qui convient et oublier le reste ? Alors que la plupart des analystes de la création   artistique font la part belle aux imagos maternelles et à l’importance de la mère pour l’éclosion du génie.

Kafka doit avoir eu une bonne mère, pourvoyeuse de paradis lointains, sinon sa personnalité aurait pu, pour employer une formule de  BRENOT  « être ancrée dans la psychose ». La littérature l’a sauvé. Encore fallait-il qu’elle fût possible : il fallait qu’il puisse s’ancrer aux sources de la vie pour ne pas mourir psychiquement.

Il fallait qu’il puisse réaliser ce « bond hors du rang des meurtriers » comme il le dit si bien sans savoir ce qu’il dit.

La littérature est en effet la manière dont Kafka échappe à la folie, comme beaucoup d’artistes (dont certains écrivains qui lui étaient particulièrement chers)   mais pas à la culpabilité ni à la souffrance au cœur de la création même.

Cette recherche du paradis maternel est en effet une double transgression : d’une part, parce que ce paradis, lié au désir incestueux pour la mère, est grevé par le tabou de l’inceste (d’ailleurs au cours de la résolution de l’Œdipe l’enfant renoncera peu à peu à ses désirs incestueux), de l’autre, parce que ce paradis qu’il ne mérite plus est interdit à l’enfant qui se croit  criminel plus qu’à tout autre.

Ecrire est une voie de salut, nécessaire pour échapper à la folie, mais semée d’embûches, source de tourments autant que de joie.

LA VALIDITÉ  DE L’EXPLICATION

Dans un essai sur Kafka, « KAFKA, le survivant »  (3) j’ai essayé d’expliquer LE VERDICT à la lumière de ces considérations.

Faut-il rappeler en quelques mots la trame du Verdict ?

Georg, un jeune homme brillant, a repris avec succès l’entreprise de son père et vient de se fiancer. Par un beau matin de printemps, il songe qu’il doit en annoncer la nouvelle à un ami émigré en Russie, qui a d’abord réussi mais est en train de sombrer. Il va communiquer son projet à son père, âgé et décrépit, avec qui il vit. Celui-ci, qui semblait au début ne pas connaître l‘ami, se dresse de toute sa hauteur sur son lit, juge implacable. Il déclare connaître bien l’ami, condamne carrière et projet de mariage de Georg et enjoint à celui-ci de se jeter à l’eau. Ce que Georg fait sans sourciller et avec enthousiasme.

Je choisis un épisode où je propose d’opposer mon interprétation à celle que donne BERNARD LAHIRE.

Pour celui-ci (p. 255) « L’ « ami de Russie » représente la part solitaire… libre et créatrice de Kafka écrivain… »

Ce serait donc le détournement de cette vocation par un Georg commerçant satisfait et fiancé heureux qui serait puni ? Alors que le fils à ce moment endosse justement l’héritage du père?

Puni par un père qui, en fait, honnit la vocation littéraire de son fils ? Et qui, ici, s’en ferait tout à coup l’allié ? (BERNARD LAHIRE en donne pour témoin cette amitié profonde, secrète, du père pour cet ami).

Cette connivence secrète, il la justifie en constatant que le père est au centre de toute la création littéraire de Kafka, qu’en quelque sorte la substance de ses écrits est consubstantielle au père, donc que Georg trahirait le père en renonçant à la littérature.

C’est cependant un renversement de situation peu intelligible. Car c’est en choisissant la littérature et en refusant l’héritage paternel que Kafka a trahi son père !

BERNARD LAHIRE justifie ainsi la condamnation du mariage par le père. Il  devient en effet un crime: « Se marier signifie donc tout à la fois satisfaire des pulsions sexuelles, souiller le souvenir de la mère (toute femme renvoyant à la figure maternelle, l’acte sexuel apparaît ainsi comme une souillure par rapport à la relation d’amour platonique entre la mère et le fils), enterrer  le  père  (c’est lui  qui  avait le  pouvoir  de procréer et qui  est remplacé) et trahir l’ami (choisir le mariage et délaisser la littérature). » (p.260)

Le fils est déclaré incestueux et castrateur en réalisant les désirs de son père, en suivant le chemin de tout adulte normal ! Surprenant !

Et le père se ferait ici l’allié de la vocation réprouvée du fils ?

Cette vue psychanalytique sur le mariage-inceste dans le cas de Georg est pertinente à condition d’être replacée dans un contexte également psychanalytique qui fasse sens : c’est la situation d’un homme dont la résolution de l’Œdipe a été bloquée par des traumatismes précoces.

Le fils devrait marcher sur les traces de son père, il devrait endosser l’héritage paternel, mais il lui est interdit de le faire pour les raisons que j’ai exposées plus haut. C’est bien l’ami qui est la clef de l’histoire, qui la fait basculer. Mais, me semble-t-il, avec un tout autre sens.

L’ami pourrait être vu comme le témoin du crime, un « analogon » dirais-je pour employer un terme de B.LAHIRE, des frères tués, en soulignant toutefois que Kafka ignore ce qu’il dit. Le père est le gardien du temple de la mémoire (connivence secrète avec les victimes), juge du fils criminel. Ce fils voulait oublier son crime et être heureux comme tout le monde. Mais le mariage reste le domaine du père, auquel le fils n’a pas le droit de s’identifier : il est interdit au coupable.

Et de ce fait, un acte social éminemment valable et désiré devient exactement cet acte incestueux si bien évoqué par BERNARD LAHIRE, mais pas pour les raisons qu’il propose.

En fait, le crime et la culpabilité interdisent à Georg-Franz de réaliser les désirs de son père et il trahit l’ami non en renonçant à la littérature mais en gommant son fratricide pour accéder à la réussite et au bonheur.

« Il en sait cent fois plus que toi ! ». « Il en sait mille fois plus. » : il ne s’agit pas du savoir de l’écrivain (l’ami, selon B.LAHIRE) me semble-t-il, mais du savoir de la victime-témoin du crime que Georg veut oublier (et que Kafka ignore mais exprime si bien).

Si l’ami ne symbolise pas la littérature, celle-ci serait-elle absente ? Non, elle est bien là, mais au paradis, pas dans l’enfer de l’ami détérioré. La littérature, « notre éternelle bien-aimée » comme il l’appelle, est présente dans les symboles. Le paysage évoqué dès le début est idyllique : un dimanche matin, au printemps, les collines douces, la rivière, sont comme une promesse de bonheur. Paysage riche en symboles féminins. Cela évoque un paradis.

On le retrouve à la fin dans une punition qui ressemble à une apothéose ! Georg file au bas de l’escalier, « comme sur un plan incliné », il « jaillit », « poussé irrésistiblement vers l’eau » ! Il échappe au père qui s’effondre derrière lui. Il l’annihile donc et retourne aux sources, au paradis d’avant, sans père, à la Mère « océanique » comme l’appelle Georges MAUCO.

Si la culpabilité de Kafka est terriblement consciente, les vraies causes lui restent ignorées. Ses explications dans son Journal et ses Lettres sont des rationalisations. Par contre, une mince pellicule sépare parfois les réalités inconscientes de leur expression littéraire, et si l’écriture du Verdict a tellement ému Kafka (épuisé et heureux), c’est qu’il n’a jamais été plus près de sa vérité.

Pour conclure d’une manière plus générale, je dirai en reprenant les termes de  JACQUES DUBOIS (1) que BERNARD LAHIRE  s’entend parfaitement « à faire apparaître le caractère dialectique d’un refus que l’écrivain ne vit que dans la culpabilité et qu’il assortit d’une si grande admiration pour son père qu’il finit par gérer sa  «boutique» littéraire en s’inspirant du perfectionnisme paternel », mais qu’il ne nous révèle pas pour autant, malgré quelques incursions dans la psychanalyse, la face cachée de la lune. Et la multiplicité des efforts pour expliquer Kafka, multiplicité qui témoigne de leur échec partiel, permet d’inférer qu’il doit y avoir une autre explication.

(1) DUBOIS Jacques: Médiapart, article, 22 mars 2010, Edition Bookclub
(2) BRENOT Philippe: «Le génie et la folie», Plon 1997
(3) MANNONI Maud: «Amour, haine, séparation», Denoël, Paris, 1993
(4) POLITIS  Jacqueline: «KAFKA, le survivant», Presses de l’Institut Français d’Athènes, Athènes, 1982